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L’action et la présence du Saint Esprit
J. A. Monard
ME 2006.p.193-202 ; 233-240 ; 266-275 ; 303-309 ; 344-347 ; 358-362 ; ME 2007 p. 13-19
Table des matières :
2 L’action et la présence du Saint Esprit dans l’évangile de Jean
2.1 Une œuvre préliminaire : la nouvelle naissance
2.2 La puissance de la vie nouvelle
2.3 Annonce de la venue du Consolateur
2.4 L’Esprit enseignera toutes choses
2.5 Le témoignage de l’Esprit et celui des disciples
2.6 L’élévation du Seigneur dans la gloire et la descente du Saint Esprit sur la terre
2.7 L’effet de la présence de l’Esprit pour le monde
2.8 L’Esprit de vérité conduira les croyants dans toute la vérité
2.9 Le souffle de Christ ressuscité
3.1 Une dernière annonce de la venue du Saint Esprit
3.2 Le don du Saint Esprit, le jour de la Pentecôte
3.3 La première prédication de Pierre
3.4 Âmes ajoutées à l’assemblée
3.6 Rempli (ou plein) du Saint Esprit
3.7 La direction du Saint Esprit
4.1 L’amour de Dieu versé dans nos cœurs
4.4 Marcher selon la chair ou selon l’Esprit
4.5 Être dans la chair ou dans l’Esprit
4.7 L’Esprit et la résurrection
4.8 Par l’Esprit, faire mourir les actions du corps, et être conduits par l’Esprit
4.11 L’Esprit nous est en aide dans notre infirmité
5 Dans la première épître aux Corinthiens
5.1 La communication et la compréhension de la pensée de Dieu par le Saint Esprit
5.2 L’habitation du Saint Esprit
5.3 Les dons de l’Esprit dans l’assemblée
5.4 Un seul Esprit pour être un seul corps
5.5 L’action de l’Esprit et de l’intelligence
6 Dans la seconde épître aux Corinthiens
6.3 Transformés à l’image de Christ
6.4 Ce qui recommande le serviteur de Dieu
6.5 La communion du Saint Esprit
7.1 La loi, les œuvres, la chair — la foi, l’Esprit
7.2 L’Esprit nous conduisant à crier : Abba, Père
7.3 Par l’Esprit, nous attendons
7.4 Être conduits par l’Esprit
8.1 Ayant cru, vous avez été scellés
8.3 Une habitation de Dieu par l’Esprit
8.4 Fortifiés par l’Esprit quant à l’homme intérieur
8.6 N’attristez pas le Saint Esprit de Dieu
8.8 La parole de Dieu, l’épée de l’Esprit
Notre but n’est pas de considérer de façon complète le sujet du Saint Esprit, mais de mettre en évidence ce qui concerne sa présence et son activité dans le croyant et dans l’assemblée.
La présence du Saint Esprit sur la terre est l’un des traits caractéristiques de la période actuelle, celle de l’Église. Il est venu le jour de la Pentecôte, ainsi que cela est rapporté en Actes 2, et il restera jusqu’au jour où le Seigneur viendra enlever son Église pour être avec lui dans la gloire. L’Esprit de Dieu a opéré sur la terre auparavant, comme nous le voyons dans l’Ancien Testament. Il y agira encore après l’enlèvement des croyants, ainsi que plusieurs prophéties nous l’annoncent. Mais sa présence actuelle ici-bas dans les croyants et dans l’assemblée, et son activité en notre faveur, sont uniques et constituent pour nous une bénédiction incomparable.
Notre propos est de considérer successivement ce que nous en révèlent l’évangile de Jean, les Actes, puis les cinq premières épîtres de Paul. Dans les évangiles, il ne peut être question que de l’annonce de quelque chose de futur. Dans les Actes, nous avons le récit de la descente du Saint Esprit sur les croyants et de son activité dans les premiers temps de l’Église. Dans les épîtres de Paul, surtout dans les cinq premières, nous trouvons l’enseignement doctrinal correspondant à ce que vivent les croyants dans les Actes.
Les trois premiers évangiles ne nous disent que très peu de chose concernant le grand sujet qui est devant nous. Ils nous laissent en général dans un cadre juif, et les événements prophétiques qui y sont annoncés ont le peuple terrestre de Dieu pour centre.
Avant la naissance de Jésus — et celle de Jean son précurseur — nous voyons quelques-uns de ceux qui attendaient le Messie être soudain remplis du Saint Esprit et agir sous sa direction. Il en est ainsi d’Élisabeth (Luc 1:41), de Zacharie (1:67), de Siméon (1:25-27). Ces actions momentanées de l’Esprit de Dieu sont similaires à celles que nous trouvons dans l’Ancien Testament.
Jean le baptiseur, alors qu’il prêche le baptême de la repentance, annonce que Celui qui vient après lui, et qui est plus grand que lui, « baptisera de l’Esprit Saint et de feu » (Matt. 3:11 ; cf. Luc 3:16). Dans un sens très général, cette déclaration peut faire allusion au baptême de l’Esprit le jour de la Pentecôte, mais le contexte de ces versets montre que le baptême de feu annoncé ne se réfère pas aux « langues de feu » d’Actes 2, mais aux jugements qui viendront sur la terre dans un temps futur. Et ainsi, le baptême de l’Esprit lié à ce baptême de feu se réfère directement à l’effusion de l’Esprit promise à Israël (Éz. 36:24-27 ; 39:29).
Avant d’aborder notre sujet, jetons encore un regard sur ce que les évangiles nous révèlent concernant l’Esprit Saint en relation avec le Seigneur Jésus. Mentionnons trois points essentiels.
1° Il y a d’abord le merveilleux mystère de l’incarnation : Jésus conçu du Saint Esprit dans le sein d’une vierge (Matt. 1:18, 20 ; Luc 1:35). C’est ainsi que « Dieu a été manifesté en chair » (1 Tim. 3:16).
2° Lorsque le Seigneur commence son ministère public, il vient au Jourdain afin d’être lui-même baptisé par Jean. Il le fait pour encourager ceux qui se soumettaient au baptême de la repentance. Mais Dieu prend soin de distinguer de tous les autres Celui qui n’a aucune faute à confesser. Les cieux se fendent, l’Esprit descend sur lui sous la forme d’une colombe, et la voix du Père se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir » (Matt. 3:17). C’est la première fois que les trois personnes de la déité sont très clairement révélées.
Il y a un lien entre cette scène et le don du Saint Esprit. Celui qui avait envoyé Jean le baptiseur — Dieu lui-même — lui avait dit : « Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre, et demeurer sur lui, c’est celui- là qui baptise de l’Esprit Saint » (Jean 1:33).
3° Dans son ministère, le Seigneur Jésus est conduit par l’Esprit (Matt. 4:1 ; Marc 1:12 ; Luc 4:1) ; il est « plein de l’Esprit » et agit « dans la puissance de l’Esprit » (Luc 4:1, 14). Les miracles qu’il accomplit sont par la puissance de l’Esprit, de sorte que ceux qui les attribuent au diable pèchent contre le Saint Esprit (Matt. 12:28-32 ; Marc 3:29 ; Luc 12:10).
Dans ses entretiens avec ses disciples, juste avant sa mort, le Seigneur annonce avec beaucoup de détails la venue du Consolateur, l’Esprit Saint, et l’immense bénédiction qui en résultera pour eux (chap. 14 à 16). Cependant, dès le début de cet évangile, nous apprenons quelle est l’œuvre essentielle que l’Esprit doit opérer dans une âme avant de pouvoir y habiter. À tous ceux qui ont reçu Jésus, qui ont cru en lui, « il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu » (1:12). Cette merveilleuse relation avec Dieu découle d’une nouvelle naissance, opérée par le Saint Esprit. C’est ce que le Seigneur Jésus explique à Nicodème, au chapitre 3. « Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (v. 5). L’eau est ici une figure de la parole de Dieu (cf. 1 Pierre 1:23). Celui qui est né de nouveau est « né de l’Esprit » (v. 6, 8). Il a reçu une nouvelle nature, d’origine divine. Le Seigneur dit : « Ce qui est né de la chair est chair ; et ce qui est né de l’Esprit est esprit » (v. 6). C’est le privilège de base de tous ceux qui ont cru au Seigneur Jésus, qui l’ont reçu pour leur Sauveur. C’est par cette opération de l’Esprit dans leur cœur qu’ils sont des enfants de Dieu.
Dans l’une de ses prédications, le Seigneur appelle tous ceux qui ont « soif » à venir à lui et à boire (7:37). C’est évidemment un langage imagé, comme dans l’entretien particulier avec la Samaritaine (4:14). Il s’agit de la soif de l’âme, de ses besoins profonds. Le Seigneur proclame : « Celui qui croit en moi... des fleuves d’eau vive couleront de son ventre » (7:38). Et l’auteur de l’évangile explique : « Or il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en lui » (v. 39). L’Esprit allait être donné aux croyants après la mort et la résurrection du Seigneur. Cela ne pouvait avoir lieu avant que Jésus soit « glorifié », mais le Seigneur annonce déjà l’effet de cette présence de l’Esprit, en faveur du croyant lui-même et débordant sur ceux qui l’entourent — des fleuves d’eau vive.
Depuis le chapitre 13 jusqu’au chapitre 17, le Seigneur est seul avec ses disciples. Dans ses entretiens avec eux, il leur parle à plusieurs reprises du Saint Esprit qui va venir après son départ.
Il en parle d’abord comme du « Consolateur », celui qui le remplacera auprès d’eux et qui prendra soin d’eux : « Je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, pour être avec vous éternellement, l’Esprit de vérité » (14:16). En contraste avec le monde qui ne peut ni le recevoir, ni le voir, ni le connaître, les disciples le connaissent déjà. C’est le résultat de leur connaissance de Jésus. Et l’Esprit sera non seulement « avec » eux, mais « en » eux (v. 17). Nous retrouverons ailleurs plusieurs autres expressions qui décrivent la même vérité, en particulier : l’Esprit habitera dans les croyants, et leur corps sera son temple.
Le Seigneur, qui avait gardé ses disciples durant les années de son ministère, allait les quitter. Mais il leur dit : « Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viens à vous » (v. 18). Il allait venir à eux dans la personne du Saint Esprit.
Ceux qui sont nés de nouveau possèdent la vie de Christ. Leur vie découle de celle de Christ comme la vie des sarments découle de celle du cep. C’est ce que le Seigneur exprime ici en disant : « parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez » (v. 19). Mais comment comprendre des choses si profondes et si élevées ? Le Seigneur dit : « En ce jour-là, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi et moi en vous » (v. 20). L’unité du Fils avec le Père, l’union merveilleuse de Christ avec les siens — exprimée par les simples mots « vous en moi » et « moi en vous », sont des choses que l’intelligence naturelle de l’homme ne peut saisir. Il faut l’action de l’Esprit dans le croyant pour en comprendre quelque chose. Et par son action répétée en nous, notre compréhension de la vérité peut progresser.
Une seconde fois dans le chapitre 14, le Seigneur revient sur les bienfaits qui résulteront pour les disciples de la présence du Saint Esprit en eux. « Le Consolateur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites » (v. 26). Les disciples s’étaient montrés bien des fois incapables de comprendre ce que le Seigneur leur disait. Mais une nouvelle capacité allait leur être communiquée par l’Esprit qui serait bientôt en eux. L’Esprit leur enseignerait « toutes choses », tout ce que Jésus n’avait pu leur dire parce qu’ils n’étaient pas en état de le comprendre. De plus, il leur rappellerait ce que Jésus leur avait dit et qu’ils n’avaient pas saisi.
À la fin du chapitre 15, le Seigneur annonce quel sera l’effet de la présence de l’Esprit quant au témoignage qui sera bientôt rendu : « Mais quand le Consolateur sera venu, lequel moi je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité, qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi » (v. 26).
Le Seigneur avait dit précédemment : « Je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur » (14:16 ; cf. v. 26). Ici, envisageant son œuvre entièrement achevée et sa position dans la gloire, il dit : « Je vous enverrai ». Lui-même enverra l’Esprit Saint aux siens. Il l’enverra en vue d’un témoignage qui doit être rendu dans le monde.
Son témoignage à lui est terminé. Il est « venu » et il a « parlé » aux hommes (v. 22). Or il doit dire avec tristesse : « Ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père » (v. 24). Cependant la grâce de Dieu va encore leur fournir un témoignage supplémentaire, celui de « l’Esprit de vérité ».
Ce témoignage sera rendu conjointement à celui des apôtres : « Et vous aussi, vous rendrez témoignage ; parce que dès le commencement vous êtes avec moi » (v. 27). Ils ont été les témoins oculaires de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus, comme aussi de son élévation dans la gloire. Par l’action du Saint Esprit, ils pourront rendre le puissant témoignage que nous rapporte le début du livre des Actes, avec ses résultats merveilleux.
Ces deux événements sont intimement liés l’un à l’autre. Le Seigneur dit : « Si je ne m’en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai » (16:7). Le Saint Esprit, par sa présence sur la terre, est le témoin de la présence de Jésus, homme glorifié, dans le ciel. Au chapitre 7, il est écrit : « L’Esprit n’était pas encore (pas encore présent sur la terre), parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié » (v. 39).
Les disciples de Jésus étaient liés à leur Maître sur la terre. Maintenant nous sommes unis à Christ glorifié dans le ciel. La différence est immense. Les chrétiens appartiennent au ciel. C’est là qu’est leur Sauveur, Celui qui est leur vie ; c’est là que sont tous leurs vrais biens et leur espérance. Ils sont « les célestes » (cf. 1 Cor. 15:48). En envisageant le changement qui allait intervenir pour eux, et tout le bénéfice qu’ils recevraient par la venue du Saint Esprit, le Seigneur leur dit : « Il vous est avantageux que moi je m’en aille » (16:7).
C’est ce dont parle le Seigneur dans les versets suivants. L’Esprit « convaincra le monde de péché, et de justice, et de jugement... » (v. 8-11). Le vrai sens du mot « convaincre » nous est indiqué en note. L’Esprit, par sa présence ici-bas, sera la démonstration du péché du monde, de la justice de Dieu qui a répondu à l’iniquité du monde en exaltant le seul juste, son Fils, à sa droite, et du jugement inexorable qui va s’abattre sur le monde.
Pour le monde, il n’y a pas une lueur d’espoir. Il est déjà jugé, comme son chef, le diable. Des âmes individuellement peuvent être amenées au Sauveur grâce à l’activité de l’Esprit, mais le Seigneur n’en parle pas ici.
Jusqu’à ce moment, les disciples n’étaient pas capables de comprendre tout ce que le Seigneur avait à leur communiquer. Il leur dit : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez les supporter maintenant » (16:12). Il fallait le Saint Esprit pour les saisir. De plus, la révélation chrétienne complète ne pouvait pas être faite avant que soient accomplis les grands faits de la mort de Christ, de sa résurrection et de son élévation dans la gloire. Les conséquences de ces grands faits ne pouvaient être exposées aux croyants avant qu’ils soient accomplis. Quand l’Esprit serait là, tout serait révélé. « Quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité » (v. 13).
Dans sa vie et son ministère, le Seigneur avait eu le but constant de glorifier le Père. Le Saint Esprit, présent avec les disciples et agissant en eux, aurait la fonction de glorifier Jésus. « Celui-là me glorifiera ; car il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera » (v. 14). C’est grâce à son action en nous que nous pouvons croître dans la connaissance de Christ — ce qui est l’essentiel de la croissance du chrétien.
Dans ce que dit le Seigneur, on peut distinguer deux aspects de l’action de l’Esprit pour enseigner et conduire dans toute la vérité : il y a d’une part les communications de l’Esprit aux écrivains inspirés du Nouveau Testament, et d’autre part l’action de l’Esprit dans les croyants individuellement pour les rendre capables de saisir la vérité. Dans les expressions « il vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites », « il vous conduira dans toute la vérité », et « il vous annoncera les choses qui vont arriver » (14:26 ; 16:13), on peut voir des allusions aux évangiles, aux épîtres et à l’Apocalypse, respectivement. Mais la portée des paroles du Seigneur dépasse de beaucoup l’annonce de nouvelles communications à des écrivains inspirés. Il y a cette action de l’Esprit dans le cœur du croyant pour lui faire comprendre des choses que l’intelligence humaine livrée à elle-même est incapable de saisir.
Le soir du jour de la résurrection, Jésus s’est présenté à ses disciples réunis. Il leur a dit : « Paix vous soit » et leur a montré ses mains et son côté (20:20). Joie immense pour eux ! Et il les a chargés d’une mission qui allait être la continuation de son ministère sur la terre : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (v. 21). Ensuite, « il souffla en eux, et leur dit : Recevez l’Esprit Saint » (v. 22).
Cette action symbolique ne doit évidemment pas être confondue avec la venue du Saint Esprit sur la terre cinquante jours plus tard. Elle est à mettre en parallèle avec ce qui avait eu lieu le jour de la création de l’homme. Après l’avoir formé de la poussière du sol, Dieu avait soufflé dans ses narines une respiration de vie, et c’est ainsi que l’homme était devenu une âme vivante (Gen. 2:7). Ici le second homme, Celui qui est les prémices de la résurrection des morts, souffle en eux et les fait participer de sa vie de résurrection. Leur vie découle de la sienne — ainsi qu’il l’avait dit : « parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez » (14:19).
Le livre des Actes nous montre d’abord l’événement unique de la descente du Saint Esprit sur la terre le jour de la Pentecôte, et les premières manifestations de la puissance de cette personne divine, inaugurant la nouvelle période qui commençait. Ensuite, ce livre nous décrit, par le moyen d’exemples concrets, l’activité de l’Esprit dans les croyants et dans l’assemblée.
Juste avant d’être élevé dans le ciel, Jésus rassemble ses disciples autour de lui et leur annonce une fois encore qu’ils vont être « baptisés de l’Esprit Saint, dans peu de jours » (1:5). (Une scène analogue est rapportée en Luc 24:48, 49.) Le Seigneur leur présente l’Esprit comme la puissance du témoignage qu’ils auront à rendre pour lui — témoignage qui commencera à Jérusalem, se poursuivra en Judée et en Samarie, et finalement s’étendra jusqu’au bout de la terre (1:8).
Le Seigneur dit aux onze : « Vous serez mes témoins... ». Ceci rejoint ce que nous avons vu en Jean 15:27. Il était particulièrement important que les apôtres soient témoins de la résurrection de Jésus (cf. 1:22 ; 2:32). Dans la suite du livre, nous les voyons courageux et énergiques dans ce témoignage, qu’ils rendent « ainsi que l’Esprit Saint » (4:33 ; 5:32).
Une dizaine de jours après l’élévation du Seigneur dans la gloire, la promesse s’accomplit. Les croyants étant réunis tous ensemble, l’Esprit vient sur eux sous la forme de langues de feu et les remplit (2:3, 4). Ce baptême (cf. 1:5) est un événement d’une importance capitale. Tous ceux qui croient au Seigneur Jésus, depuis ce jour-là jusqu’à ce que l’Église soit enlevée de la terre, sont rendus participants de ce baptême.
Il était selon la pensée de Dieu que cet événement merveilleux et unique de la venue du Saint Esprit pour demeurer avec les croyants et en eux soit introduit avec gloire. Outre ce qui a pu être perçu par les sens — un son, un souffle violent et impétueux, des langues de feu — il y a eu une manifestation immédiate de la puissance et de l’activité de l’Esprit : les disciples ont commencé à s’exprimer en d’autres langues, non pas pour faire parade de dons extraordinaires, mais pour annoncer l’évangile aux Juifs de toutes nations qui se trouvaient alors à Jérusalem (2:4-11).
Lorsque le Saint Esprit était descendu sur Jésus, l’homme parfait, il était venu sous la forme d’une colombe — symbole de la pureté. Lorsqu’il descend sur les disciples, c’est sous la forme de langues de feu. Ce feu évoque le jugement du mal qui est inévitablement attaché à notre condition humaine, bien que nous soyons des rachetés.
En réponse à la perplexité de tous ceux qui avaient constaté les premiers effets de la venue du Saint Esprit sur les croyants et de son activité en eux, l’apôtre Pierre s’adresse à la multitude des Juifs présents. Il prononce une prédication vigoureuse et courageuse, dans laquelle il les place devant leur grave péché d’avoir rejeté Jésus. Si eux l’ont fait mourir, Dieu l’a ressuscité et élevé à sa droite. Et c’est lui qui, « ayant reçu de la part du Père l’Esprit Saint promis », l’a répandu sur les siens (2:33).
À l’appui de son message, Pierre cite plusieurs passages de l’Ancien Testament. Le premier est une prophétie de Joël qui commence par les mots : « Et il arrivera aux derniers jours, dit Dieu, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair », et qui se termine par : « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (v. 17-21). Comme les autres passages de l’Ancien Testament qui annoncent le don du Saint Esprit, celui de Joël a en vue des temps qui sont encore futurs pour nous, et qui se lient au « grand et terrible jour de l’Éternel » de même qu’à la restauration spirituelle d’Israël (cf. Joël 2:28-31). La venue du Saint Esprit le jour de la Pentecôte était un accomplissement partiel de cette prophétie, les expressions « sur toute chair » et « quiconque invoquera... sera sauvé » étant particulièrement appropriées au moment où l’évangile de la grâce allait être prêché à toutes les nations. Cependant, la prophétie de Joël ne contient pas la portée complète de ce qui est arrivé le jour de la Pentecôte, l’habitation du Saint Esprit dans les croyants et dans l’Église étant un mystère non révélé avant la venue de Jésus.
La prédication de Pierre a, par la puissance du Saint Esprit, des résultats merveilleux. De nombreuses âmes reçoivent le message, ont le cœur saisi d’un profond repentir, et demandent : « Que ferons-nous ? » Pierre leur dit : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés ; et vous recevrez le don du Saint Esprit » (v. 37, 38).
Ceci nous montre que tous ceux qui viennent à croire au Seigneur Jésus après la venue du Saint Esprit sont mis au bénéfice de cette venue. Ils reçoivent « le don du Saint Esprit » comme ceux qui l’ont reçu au début.
« En ce jour-là furent ajoutées environ trois mille âmes » (v. 41). « Et le Seigneur ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés » (v. 47).
En confiant à ses disciples la mission de prêcher l’évangile, le Seigneur avait indiqué les étapes : Jérusalem, la Judée, la Samarie, et toute la terre (1:8). Souvenons-nous que les Samaritains, issus de populations qu’un roi d’Assyrie avait introduites dans la terre d’Israël (cf. 2 Rois 17), avaient une certaine connaissance du vrai Dieu mêlée à l’idolâtrie. Les Juifs n’avaient pas de relations avec eux et les méprisaient (cf. Jean 4:9). Quant aux nations païennes, elles étaient encore plus éloignées du Dieu qui s’était révélé à Israël, et encore plus méprisées par ce peuple. Au début, l’assemblée chrétienne n’était composée que de Juifs ayant reçu Jésus. La transmission du message de l’évangile en dehors des limites juives constituait donc une grande difficulté pour les premiers chrétiens.
Toutefois, la persécution qui sévissait à Jérusalem a dispersé des croyants çà et là, et Dieu s’est servi de cela pour que la Parole soit prêchée en Samarie. Un grand nombre de personnes ont été amenées à la foi (8:1-8). Par une visite de deux apôtres, Pierre et Jean, Dieu a pourvu à ce qu’il n’y ait ni indépendance ni rivalité entre l’assemblée de Jérusalem et celles qui se formaient en Samarie, et c’est à l’occasion de cette visite que l’Esprit Saint est venu sur les croyants de cette contrée (8:17).
L’introduction des autres nations dans la sphère chrétienne était encore plus délicate. Il a fallu que Pierre ait une vision divine spéciale pour l’amener à répondre positivement à l’appel du centurion romain Corneille (10:9-21). Et même, sa visite à Césarée a suscité ultérieurement les vifs reproches de ses frères de Judée (11:1-3). Dans ce cas-là aussi, Dieu a voulu que l’Esprit vienne sur les croyants d’une manière qui manifestait clairement qu’il voulait faire participer toutes les nations à la bénédiction caractéristique du christianisme (11:15-18).
Outre ces deux étapes, on peut mentionner le cas très particulier d’Actes 19:1-7, où des personnes, tout en étant croyantes, n’étaient pas encore sur le véritable terrain chrétien. Elles ne connaissaient Jésus que de la manière dont Jean le baptiseur l’avait prêché, le Messie qui devait venir. Par le ministère de Paul, elles ont été amenées à la connaissance de la vérité chrétienne ; elles ont été baptisées pour le nom du Seigneur Jésus et ont alors reçu l’Esprit Saint.
Ces expressions, qui se rencontrent plusieurs fois dans les Actes, se réfèrent à l’état pratique du croyant. Elles s’appliquent à celui dont le comportement témoigne de la présence et de l’action du Saint Esprit qui est en lui.
C’est d’abord l’état de ceux qui viennent de recevoir l’Esprit, le jour de la Pentecôte, et qui, conduits par lui, s’expriment en d’autres langues (2:4). C’est l’état de Pierre, dans son témoignage courageux lorsqu’il doit comparaître devant les chefs du peuple d’Israël (4:8). C’est encore l’état de tous ceux qui sont assemblés pour la prière, après la libération de Pierre et Jean (4:31).
Pour la tâche délicate qui devait être confiée à des frères, lors de la difficulté rapportée au chapitre 6, il faut choisir des hommes qui ont « un bon témoignage, pleins de l’Esprit Saint et de sagesse » (v. 3). Il s’agit ici de ce qui caractérise habituellement ces croyants, et pas seulement de façon occasionnelle. Le choix se porte en particulier sur Étienne, « homme plein de foi et de l’Esprit Saint » (v. 5), sur Philippe et sur cinq autres frères.
Le service d’Étienne s’étend, et nous le trouvons un peu plus loin « plein de grâce et de puissance », faisant même parmi le peuple « des prodiges et de grands miracles », et parlant d’une façon telle que ses adversaires « ne pouvaient pas résister à la sagesse et à l’Esprit par lequel il parlait » (v. 10).
Mais son ministère suscite la violente opposition des Juifs. Emmené devant le sanhédrin (le tribunal religieux), Étienne prononce le remarquable discours rapporté dans le chapitre 7. Son témoignage fidèle et énergique, qui ne ménage pas ceux qui ont rejeté et crucifié Jésus, les amène à frémir de rage contre lui, et finalement à le lapider. Mais Étienne, « plein de l’Esprit Saint », a « les yeux attachés sur le ciel », où il lui est accordé de voir Jésus debout à la droite de Dieu (7:55). Et dans son martyre, il est rendu capable de prononcer des paroles qui rappellent celles du Seigneur sur la croix. C’est le fruit de l’activité de l’Esprit en lui.
Barnabas aussi se fait connaître comme un « homme de bien », « plein de l’Esprit Saint et de foi » (11:24).
Cet heureux état ne concerne pas seulement des serviteurs exceptionnels. À Antioche de Pisidie, nous voyons les disciples, c’est-à-dire ceux qui avaient reçu Jésus, « remplis de joie et de l’Esprit Saint » (13:52).
Il est bien utile de remarquer que le fait d’être rempli de l’Esprit Saint, dans les passages rencontrés, est associé non seulement à la puissance, mais aussi à toutes les vertus chrétiennes. L’Esprit est la puissance de la vie nouvelle, et ce qu’il produit est en accord avec tous les caractères moraux que nous enseigne la parole de Dieu : la sagesse, l’énergie, le courage, la foi, le dévouement, la joie...
Les Actes nous montrent aussi, et à de nombreuses reprises, comment le Saint Esprit conduit les croyants.
Envoyé par un ange sur le chemin désert qui descend de Jérusalem à Gaza, Philippe aperçoit l’eunuque d’Éthiopie qui, dans son char, lit le prophète Ésaïe. Alors, « l’Esprit dit à Philippe : Approche-toi et joins-toi à ce char » (8:29). La suite du récit nous raconte la conversion de l’Éthiopien.
Tandis que les envoyés de Corneille sont devant la porte de la maison dans laquelle Pierre se trouve, et que celui-ci médite sur la vision qu’il vient d’avoir, « l’Esprit lui dit : Voilà, trois hommes te cherchent... va avec eux sans hésiter » (10:20).
Dans l’assemblée d’Antioche, où les frères servent le Seigneur et jeûnent, « l’Esprit Saint dit : Mettez-moi maintenant à part Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés » (13:2). C’est le point de départ du premier voyage missionnaire de l’apôtre Paul, accompagné de Barnabas. Ainsi, il peut être dit qu’il ont « été envoyés par l’Esprit Saint » (v. 4).
Lors du deuxième voyage, Paul et ses compagnons sont « empêchés par le Saint Esprit d’annoncer la parole » dans une certaine contrée, puis, alors qu’ils essaient de se rendre dans une autre, « l’Esprit de Jésus » ne le leur permet pas. Et finalement, Paul a de nuit une vision qui lui trace clairement le chemin à suivre (16:6-10).
Lors du troisième voyage, « l’Esprit Saint rend témoignage de ville en ville », disant à Paul « que des liens et de la tribulation l’attendent » (20:23). Et cette direction prend une forme plus pressante lorsque, dans la ville de Tyr, « les disciples dirent à Paul, par l’Esprit, de ne pas monter à Jérusalem » (21:4).
Il nous est peut-être difficile de préciser, dans tous ces récits, s’il s’agit de directions telles que nous pouvons les connaître habituellement, ou de communications prophétiques de caractère exceptionnel. Quoi qu’il en soit, le principe est valable pour nous tous. Le Saint Esprit est Celui qui nous trace le chemin, qui nous fait comprendre quelle est la volonté du Seigneur. Nous retrouverons cela dans les épîtres.
Le grand sujet de l’épître aux Romains est la relation individuelle de l’homme avec Dieu. Ce livre nous fait connaître le salut que Dieu offre à l’homme pécheur, moyennant la foi. Il nous révèle ce salut dans ses divers aspects et dans sa plénitude. Il y a d’abord, jusqu’au milieu du chapitre 5, la délivrance de nos péchés : la justification par la foi au Seigneur Jésus, sans œuvres. Ensuite, il y a la délivrance du péché, de la nature corrompue qui est la source des péchés.
Au début du chapitre 5, Paul résume en quelques grands traits le salut que nous possédons lorsque nous avons reçu le Seigneur Jésus par la foi. Nous sommes justifiés, nous avons la paix avec Dieu, nous sommes dans la faveur de Dieu et nous nous glorifions dans l’espérance de sa gloire.
L’apôtre nous montre alors comment la jouissance de ce salut merveilleux nous place au-dessus des circonstances difficiles et douloureuses de la vie. Les tribulations — et l’apôtre n’en rencontrait pas peu — sont un sujet de se glorifier, si l’on pense à leurs résultats. Elles produisent la patience — vertu chrétienne de grand prix ! — qui elle-même permet de faire l’expérience du secours divin. Or cette expérience fortifie l’espérance du croyant. L’apôtre ajoute : « L’espérance ne rend point honteux, parce que l’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (5:5).
Même si la délivrance complète est encore future, nous possédons actuellement un trésor qui est le garant de ce que nous recevrons bientôt. Dieu a mis en nous son Esprit, et celui-ci produit dans nos cœurs la conscience et la jouissance de l’amour de Dieu. Il éveille aussi en nous une réponse à cet amour, et l’amène à déborder envers ceux qui nous entourent — ou du moins il devrait en être ainsi. L’amour est le premier fruit de l’Esprit (cf. Gal. 5:22).
Depuis le milieu du chapitre 5, l’épître nous présente la délivrance de notre nature de péché, l’affranchissement de notre esclavage du péché, par le fait de notre identification avec Christ dans sa mort. « Notre vieil homme a été crucifié avec lui », et nous avons à nous tenir « pour morts au péché » (6:6, 11). Notre nature morale héritée d’Adam étant ce qu’elle est — foncièrement mauvaise et incurable — la loi et les commandements divins ne peuvent l’amener à produire de bons fruits (chap. 7). Or, par la mort de Christ, Dieu nous a délivrés de tout assujettissement à la loi. Il a prononcé sur cette vieille nature un jugement absolu et a mis dans ses rachetés la source de la puissance dont ils manquaient totalement, celle du Saint Esprit. C’est ce que présente de façon très complète le chapitre 8, sur lequel nous nous arrêterons maintenant.
« La loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus m’a affranchi de la loi du péché et de la mort » (8:2). Le mot loi utilisé deux fois dans ce verset désigne le principe, l’action naturelle (un peu comme lorsqu’on parle des lois de la nature). La loi du péché est cette tendance indéracinable de notre nature pécheresse à produire des péchés, et par conséquent la mort. Mais Dieu a mis son Esprit en nous. Et celui-ci a aussi une action naturelle : produire le bien, ce qui glorifie Dieu. Toute la puissance divine est là. Par cette puissance, le croyant est « affranchi de la loi du péché », c’est-à-dire de la nécessité de suivre le mouvement de sa nature corrompue. Cette nature sera en lui jusqu’à son dernier souffle, mais une puissance infiniment supérieure — la loi de l’Esprit de vie — est présente en lui pour tenir le vieil homme en échec et produire le bien.
La loi — ici la loi divine donnée par Moïse — exigeait le bien, et l’homme était incapable de l’accomplir. Elle était « faible par la chair » (v. 3). Mais le résultat de l’œuvre de Christ est que « la juste exigence de la loi est accomplie » en ceux qui ne marchent pas selon la chair, mais selon l’Esprit (v. 4).
Deux manières de marcher sont placées devant nous ici. Ou bien nous laissons l’Esprit agir en nous, former nos pensées et nos désirs, et produire ses fruits bénis : nous marchons selon l’Esprit. Ou bien nous laissons la chair former nos pensées et diriger notre conduite : nous marchons selon la chair.
L’état normal du chrétien est celui où il marche selon l’Esprit. Il a saisi par la foi que Dieu a « condamné le péché dans la chair » à la croix de Christ (v. 3). Il a accepté le verdict divin sur l’homme naturel. Il sait que toutes ses bonnes résolutions — qui ne feraient que trahir de la confiance en soi — sont inutiles et ne mènent qu’à la déception (7:19-24). Dans la conscience de sa grande faiblesse, il s’appuie sur la puissance de Dieu, et il fait l’expérience de sa réalité.
Il est important de saisir que le salut que nous avons reçu ne détruit pas la racine de mal qui est en nous. Cette racine est attachée à notre corps mortel, et tant que nous sommes dans celui-ci, du mal peut être produit, si nous ne sommes pas vigilants. « La pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas » (v. 7). Cette présence du péché en nous n’est en aucune manière un motif de condamnation pour nous : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (v. 1). Mais elle nous amène à soupirer : « Nous-mêmes aussi qui avons les prémices de l’Esprit,... nous soupirons en nous-mêmes, attendant l’adoption, la délivrance de notre corps » (v. 23). Alors notre salut sera complet.
Dans plusieurs passages, le petit mot « dans » sert à exprimer la position ou la condition de l’homme devant Dieu. Ainsi, au premier verset du chapitre, les croyants sont vus étant « dans le Christ Jésus ». C’est leur sécurité, comme c’était la sécurité des membres de la famille de Noé d’être dans l’arche, lors du déluge.
L’homme non régénéré est dans la chair. « Et ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu » (v. 8). Devant Dieu, ils sont dans leur état naturel, un état de pécheurs perdus hérité d’Adam, auquel ils ont ajouté la culpabilité et la souillure qui résultent de leurs propres péchés. Mais les croyants sont dans une autre condition devant Dieu. « Or vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous » (v. 9). L’Esprit donné aux croyants de la période de la grâce est un élément si caractéristique qu’ils sont vus « dans l’Esprit ».
Il ne s’agit pas là de l’état pratique, ni de la marche, mais d’un privilège lié à la position chrétienne.
« Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, celui-là n’est pas de lui » (v. 9). Donc, ceux qui sont « de Christ » ont son Esprit. Être « de Christ » ou « du Christ », c’est appartenir à Christ, être l’un de ses rachetés (cf. Marc 9:41 ; 1 Cor. 15:23 ; Gal. 3:29 ; 5:24). Le fait d’avoir l’Esprit est une marque de l’appartenance à Christ.
Les disciples dont il est parlé en Actes 19:1-7 étaient encore, quant à leur condition de croyants, des disciples de Jean le baptiseur. Ils n’étaient pas sur le terrain chrétien. Lorsqu’ils y ont été amenés, ils ont reçu le Saint Esprit.
L’Esprit qui est dans le croyant est appelé ici l’Esprit de Christ. Ainsi, par son Esprit, Christ est dans le croyant. C’est pourquoi le verset 10 peut utiliser l’expression : « Christ est en vous ».
Au verset 11, l’Esprit de Dieu est appelé « l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts ». Le fait qu’un tel hôte ait habité dans le corps du croyant est un motif pour que son corps mortel soit un jour vivifié par la puissance divine. « Celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera vos corps mortels aussi, à cause de son Esprit qui habite en vous ».
Ce verset met aussi en évidence le lien entre Christ et les siens. Christ a été ressuscité, les siens le seront aussi.
D’autres passages des épîtres soulignent la dignité qui s’attache à nos corps par le fait que le Saint Esprit habite en eux, et la nécessité de les garder dans la sainteté (cf. 1 Cor. 6:15-20 et 1 Thess. 4:3-8).
L’apôtre attire ensuite notre attention sur notre responsabilité. Il dit : « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez » (v. 13). La mort est l’aboutissement d’une vie selon la chair, c’est-à-dire dans le péché. De même, la vie, la vie éternelle, est l’aboutissement d’une marche sous la conduite du Saint Esprit. Être « conduits par l’Esprit de Dieu » est même le signe distinctif de ceux qui « sont fils de Dieu » (v. 14).
« Si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez » (v. 13). L’Esprit, avec toute sa puissance, est dans le croyant. La chair aussi est là, avec tous ses mauvais désirs, et son inimitié contre Dieu. Le croyant va-t-il se considérer « débiteur... à la chair » (v. 12), va- t-il « prendre soin de la chair pour satisfaire à ses convoitises » (cf. 13:14) ? S’il est dans un bon état, dans un état normal, il se laissera conduire par l’Esprit. Dans la conscience de sa propre faiblesse, il s’appuiera sur la puissance divine. Il laissera l’Esprit accomplir son œuvre en lui. C’est ainsi qu’il « fera mourir les actions du corps » — c’est-à-dire de la chair.
Le livre des Actes nous a montré l’aspect pratique de la vie des croyants sous cette conduite de l’Esprit. Méfions-nous de ce que peut produire notre propre chair, parfois même sous de belles apparences, et soyons attentifs à cette voix intérieure qui nous montre le chemin dans lequel nous pourrons glorifier Dieu.
Dans certains passages, l’Esprit lui-même et l’esprit du croyant caractérisé par sa présence et sa puissance sont souvent si intimement liés qu’il est difficile de les distinguer et de les séparer l’un de l’autre (cf. notes de la version Darby à Rom. 1:4 et 8:9). Par contre, dans d’autres passages, ils sont parfaitement distingués.
C’est le cas du verset suivant : « L’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu » (v. 16). Notre esprit saisit les déclarations des Écritures concernant notre salut par Jésus Christ, et les reçoit avec foi — par exemple le verset : « À tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu » (Jean 1:12). Nous nous appuyons sur cette déclaration, et cela remplit nos cœurs de joie. Mais de plus, l’Esprit qui demeure en nous met en nos cœurs la certitude de notre relation avec Dieu comme Père. Il rend témoignage avec notre esprit, et produit cette expression d’intimité : « Abba, Père » (v. 15).
En raison de cette action de l’Esprit en nous, il est appelé ici : « l’Esprit d’adoption ». Par lui nos cœurs peuvent s’adresser à Dieu dans la conscience qu’ils s’adressent à leur Père qui les aime.
Ceci rejoint ce que nous avons vu au chapitre 5 : « L’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (v. 5).
Au verset 18, l’apôtre aborde le sujet des souffrances qui appartiennent à notre condition actuelle, et de l’état de « servitude » qui caractérise toute la création, depuis que le péché est entré dans le monde. Un jour, l’œuvre de Christ déploiera ses conséquences bénéfiques pour toute la création, qui actuellement « soupire », « est en travail » et « attend la révélation des fils de Dieu » (v. 22, 19).
Nous possédons dès maintenant le salut parfait de nos âmes et une relation inaltérable avec Dieu. Mais une partie de notre salut est encore future : nous attendons « la délivrance (ou la rédemption) de notre corps » (v. 23). En raison de la faiblesse et du péché qui sont liés à ce corps, « nous soupirons en nous- mêmes ». Mais nous possédons déjà les arrhes de la délivrance complète qui nous est réservée : « nous avons les prémices de l’Esprit ».
Une dernière mention de l’Esprit dans ce chapitre place encore devant nous son action en notre faveur dans notre vie personnelle de croyants.
La faiblesse liée à notre condition humaine, de même que les difficultés des situations dans lesquelles nous pouvons nous trouver, sont telles que nous ne savons pas ce que nous devons demander à Dieu comme il convient. Mais l’Esprit lui-même, au- dedans de nous, « intercède par des soupirs inexprimables » (v. 26). Même si le désir de notre cœur est confus, il monte vers Dieu, et « celui qui sonde les cœurs sait quelle est la pensée de l’Esprit » (v. 27).
Quelle richesse dans ce que nous présente ce chapitre 8, qui nous révèle l’activité de l’Esprit dans le croyant qui se tient pour mort au péché ! Le mot « Esprit » le remplit, en contraste avec les mots « je » et « moi » qui caractérisaient les débats du chapitre 7.
Depuis le chapitre 12, l’épître aux Romains présente des exhortations pratiques fondées sur la doctrine qui a été exposée précédemment. Ceux qui ont été les objets des merveilleuses « compassions de Dieu » ont à vivre pour lui avec des cœurs réellement engagés (v. 1). Dès le verset 9, nous avons une série de brèves exhortations, parmi lesquelles nous trouvons :
« Quant à l’activité, pas paresseux ; fervents en esprit (ou :fervents par l’Esprit), servant le Seigneur » (12:11).
Nous sommes mis en garde ici contre la paresse spirituelle. Dieu a préparé de bonnes œuvres sur notre chemin. Lorsque nous les rencontrons, ne les évitons pas.
Mais il ne suffit pas d’être actif. Ce verset nous interpelle quant à l’esprit dans lequel nous accomplissons les diverses activités chrétiennes auxquelles nous sommes appelés ? Il est facile de se laisser gagner par la routine. Dans notre service, et même dans nos cantiques et nos prières, nous pouvons manquer de la ferveur qui caractérise des cœurs attachés au Seigneur.
David écrit : « Je célébrerai l’Éternel de tout mon cœur » (Ps. 9:1). L’Éternel rend témoignage à son sujet : « Mon serviteur David... gardait mes commandements et marchait après moi de tout son cœur » (1 Rois 14:8). Et il est dit d’Ézéchias : « Dans toute œuvre qu’il entreprit, dans le service de la maison de Dieu... il agit de tout son cœur, et prospéra (2 Chr. 31:21). Voilà la ferveur !
Une note à ce verset de Romains 12 attire notre attention sur le fait que le sens est aussi : « fervents par l’Esprit ». L’action de celui qui se laisse conduire par l’Esprit, de celui qui est « rempli de l’Esprit » sera nécessairement marquée par la ferveur. Non pas d’une excitation intempestive et fugitive, mais d’une saine et sobre ferveur qui manifeste un cœur rempli du Seigneur et engagé pour lui. C’est ainsi que nous pourrons le servir véritablement.
« Que le Dieu d’espérance vous remplisse de toute joie et paix en croyant, pour que vous abondiez en espérance par la puissance de l’Esprit Saint ! » (15:13).
Alors que l’épître aux Romains nous fournit les bases de notre relation individuelle avec Dieu, la première épître aux Corinthiens nous instruit au sujet de notre relation collective avec lui. Elle nous présente la doctrine de l’assemblée de Dieu, bien qu’elle contienne aussi des enseignements relatifs à notre vie individuelle. On y trouve plusieurs mentions du Saint Esprit.
Sachant les Corinthiens en danger d’être contaminés par les raisonnements des hommes, des philosophes en particulier, l’apôtre leur montre qu’il y a incompatibilité entre la sagesse des hommes et celle de Dieu (chap. 1). Pour chacune de ces deux sagesses, l’autre est une folie. À ce sujet, il leur rappelle les caractères du service qu’il avait eu parmi eux. Ce service avait été marqué par la faiblesse, la crainte et le tremblement ; il n’avait rien eu du style des orateurs et des raisonneurs de ce monde. En revanche, il avait été « en démonstration de l’Esprit et de puissance », afin que leur foi « ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (2:4, 5).
L’apôtre présente ensuite une comparaison : « Qui des hommes connaît les choses de l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui ? Ainsi personne ne connaît les choses de Dieu non plus, si ce n’est l’Esprit de Dieu » (v. 11). L’homme dans son état naturel, sans le secours de l’Esprit de Dieu, est incapable d’entrer dans les pensées de Dieu, elles lui sont folie (v. 14). Par contre, celui qui possède l’Esprit de Dieu, plus précisément celui qui est spirituel, les comprend. Ce que nous avons ici rejoint l’enseignement que le Seigneur avait donné à ses disciples en Jean 16:12, 13.
L’apôtre mentionne trois étapes : les pensées de Dieu étaient révélées par l’Esprit aux apôtres (v. 10), ceux-ci les communiquaient en paroles enseignées de l’Esprit (v. 13), et les croyants, du moins ceux qui étaient spirituels, pouvaient les saisir par l’Esprit (v. 14, 15).
Le terme « spirituel » se réfère à l’état pratique. Un croyant qui est conduit par les désirs et les pensées de la chair est un croyant « charnel ». Par contre, un croyant qui se laisse conduire par l’Esprit qui habite en lui est un croyant « spirituel ». Ce qualificatif s’applique de fait à un croyant habituellement « rempli » de l’Esprit. Au début du chapitre 3, les Corinthiens doivent subir le reproche d’être encore charnels. Dans cet état, ils étaient incapables de supporter une nourriture d’adulte — spirituellement parlant — et devaient être nourris de lait, comme « de petits enfants en Christ » (v. 1).
Deux passages de l’épître placent devant nous les différents aspects de cette habitation.
Au chapitre 3, alors qu’il parle de la maison de Dieu qui s’édifie progressivement, l’apôtre dit : « Ne savez- vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (v. 16). L’assemblée est considérée ici comme étant le temple dans lequel Dieu habite par son Esprit.
Au chapitre 6, l’apôtre attire très solennellement notre attention sur la nécessité de garder nos corps, qui sont des membres de Christ, dans la pureté. Et à ce sujet, il dit : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous, et que vous avez de Dieu ? » (v. 19). Dans ce verset, chaque croyant est considéré de façon individuelle comme étant le temple du Saint Esprit. D’où la conclusion : « Glorifiez donc Dieu dans votre corps » (v. 20).
L’Esprit de Dieu qui habite en nous dirige et forme nos pensées — lorsque nous sommes dans un état convenable — tandis que notre esprit est lui-même en activité. Nous ne percevons pas la voix du Saint Esprit comme une voix se distinguant clairement des pensées que fait naître notre esprit. Mais notre intelligence spirituelle et notre connaissance de la parole de Dieu doivent nous conduire à discerner si nos pensées sont formées par le Saint Esprit, ou si elles proviennent de notre moi.
Certains passages établissent clairement la différence entre l’Esprit qui demeure en nous et notre esprit (par exemple : Rom. 8:16). Mais d’autres passages nous présentent l’union entre l’Esprit et notre esprit. Il en est ainsi dans cet autre verset du chapitre 6 : « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui » (v. 17) (*). Quand nous sommes dans un bon état spirituel, nos pensées sont à l’unisson de celles de l’Esprit qui demeure en nous.
(*) À ce sujet, voir la note de bas de page insérée à ce verset dans la version J.N. Darby.
C’est le sujet du chapitre 12. L’apôtre commence par donner un critère qui permet de discerner l’origine des « manifestations spirituelles ». L’Esprit de Dieu agit toujours de façon à glorifier le « Seigneur Jésus », et à lui reconnaître sa place d’autorité (v. 3). Toute action qui conteste à Jésus sa place de Seigneur vient nécessairement de la chair ou du diable.
La suite du chapitre parle des différents « dons de grâce » accordés aux croyants. « À l’un est donnée, par l’Esprit, la parole de sagesse ; et à un autre la parole de connaissance, selon le même Esprit ; et à un autre la foi, par le même Esprit ; et à un autre des dons de grâce de guérison, par le même Esprit ; et à un autre des opérations de miracles ; et à un autre la prophétie... » (v. 8-10). Ce passage mentionne non seulement les dons qui sont nécessaires à toute époque pour l’édification des croyants, mais également les dons miraculeux qui ont caractérisé le début de l’histoire de l’Église. Quoi qu’il en soit, les dons n’ont pas pour but de mettre le serviteur en évidence, mais « à chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue de l’utilité », c’est-à-dire pour le bien de l’ensemble du corps de Christ (v. 7).
Ces versets nous indiquent le rôle des personnes divines en relation avec ces dons et leur exercice. Les dons de grâce sont les dons de l’Esprit (v. 4) ; tous les services chrétiens s’effectuent sous l’autorité du Seigneur (v. 5) et c’est Dieu qui opère tout en tous » (v. 6). Cependant, les personnes de la déité ne peuvent pas être séparées les unes des autres, et quelques versets plus loin, nous lisons : « Le seul et même Esprit opère toutes ces choses, distribuant à chacun en particulier comme il lui plaît » (v. 11).
L’assemblée elle-même a été constituée par la venue du Saint Esprit sur la terre le jour de la Pentecôte : « Nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps » (v. 13). L’assemblée est vue comme corps, à l’image du corps humain : « Ainsi aussi est le Christ » (v. 12). L’harmonie du fonctionnement d’un corps humain en bonne santé nous donne une image du propos de Dieu quant au fonctionnement de l’assemblée, pour sa gloire et pour le bien de chaque membre en particulier.
Dans sa partie pratique, l’épître aux Romains mentionne aussi le « seul corps » et ses « plusieurs membres » et les « dons de grâce » qui s’y exercent, mais sans mentionner explicitement le Saint Esprit (Rom. 12:4-8).
Les Corinthiens ne manquaient « d’aucun don de grâce » (1:7), mais ils manquaient de la sagesse nécessaire pour les exercer utilement. L’apôtre est obligé de les reprendre et de les exhorter à cet égard. C’est ce que nous trouvons au chapitre 14.
Entre l’exhortation qui termine le chapitre 12 : « Désirez avec ardeur les dons de grâce plus grands » et celle qui ouvre le chapitre 14 : « Désirez avec ardeur les dons spirituels », l’apôtre intercale ce qu’on appelle parfois le chapitre de l’amour. Si l’amour n’est pas le mobile de l’exercice des dons de l’Esprit, celui qui les possède « n’est rien », et son service n’a aucune valeur (13:1-3). « Poursuivez l’amour » est donc la phrase clé du chapitre 14.
Ce chapitre compare deux dons : celui des langues — don miraculeux accordé au début de la période de l’Église — et le don de prophétie. Ce dernier est défini au verset 3 : « Celui qui prophétise parle aux hommes pour l’édification, et l’exhortation, et la consolation ». De façon générale, et dans tous les temps, le prophète est celui qui communique aux hommes un message de la part de Dieu. Dans l’Ancien Testament, les messages prophétiques ont souvent pour objet l’avenir, mais cet aspect-là n’est pas celui du chapitre qui est devant nous.
Le désir de posséder des dons spirituels est en soi un bon désir ; l’apôtre exhorte même les Corinthiens à désirer cela « avec ardeur » (12:31 ; 14:1, 39), mais à une condition : « Puisque vous désirez avec ardeur des dons de l’Esprit, cherchez à en être abondamment doués pour l’édification de l’assemblée » (v. 12). En raison de ce qu’est la chair en nous, nous sommes toujours exposés à détourner à notre profit ce que Dieu nous donne pour le profit de l’assemblée, notamment à nous faire valoir nous-mêmes. Que le Seigneur nous exerce à cet égard !
Par des exemples concrets, tels le son d’une flûte, d’une harpe ou d’une trompette, l’apôtre fait comprendre qu’une action n’est utile dans l’assemblée que si elle est intelligible (v. 7-11). C’est une condition nécessaire pour qu’elle soit une action d’amour. Elle peut ne comporter que quelques paroles, mais si elle vient de Dieu, elle instruit et elle édifie (v. 1719). « Que tout se fasse pour l’édification ! » (v. 26).
De plus, une action doit être intelligente (v. 14, 15). Ceci ne veut pas dire conforme aux normes de l’intelligence naturelle et de la sagesse de ce monde, mais produite par l’intelligence spirituelle et marquée par le sobre bon sens (cf. 2 Tim. 1:7). Dans la période chrétienne, les messagers de Dieu ne sont pas des instruments ignorants des pensées de Dieu, mais ils entrent d’abord pour eux-mêmes dans la vérité qu’ils transmettent. « Les esprits des prophètes sont assujettis aux prophètes » (v. 32). Personne ne peut justifier une action déplacée en prétendant que c’est l’Esprit de Dieu qui l’y a conduit. L’ouvrier conduit par l’Esprit agira nécessairement d’une manière conforme à l’enseignement général de la Parole, « avec bienséance et avec ordre » (v. 40).
Celui qui parle doit le faire en se laissant conduire par l’Esprit, mais il n’a jamais à prétendre qu’il en est effectivement ainsi. « Que les prophètes parlent, deux ou trois, et que les autres jugent ! » (ou : discernent) (v. 29). Selon leur mesure personnelle, ceux-ci peuvent juger si ce qui est dit est conforme aux Écritures et si cela apporte de l’édification, mais il ne leur appartient pas non plus de juger de façon péremptoire si l’action est par l’Esprit. Ils doivent éprouver toutes choses, ne pas mépriser les prophéties et bien se garder d’éteindre l’Esprit (cf. 1 Thess. 5:19-21). L’Esprit lui- même a toute la puissance d’une personne divine, mais il se manifeste dans l’homme qui est marqué par l’infirmité. Celle-ci est plus ou moins apparente, mais toujours présente. Cette pensée devrait nous rendre humbles relativement à notre propre activité, et indulgents à l’égard de celle de nos frères.
Pourtant, dans l’état normal des choses, la libre action de l’Esprit par ses instruments dociles devrait être ressentie, même par « des hommes simples ou des incrédules » qui entrent — et ressentie d’une manière si claire qu’ils soient convaincus que Dieu est véritablement présent (v. 24, 25).
L’apôtre réunit dans une même phrase trois aspects du don du Saint Esprit fait au croyant : « Or celui qui nous lie fermement avec vous à Christ et qui nous a oints, c’est Dieu, qui aussi nous a scellés, et nous a donné les arrhes de l’Esprit dans nos cœurs » (1:21, 22).
Dieu nous a liés ensemble, et liés à Christ lui- même, par l’Esprit qu’il nous a donné. Au début de son ministère, Jésus a été « oint de l’Esprit », ainsi que Pierre le dit dans son discours chez Corneille (Act. 10:38). La même expression est utilisée ici pour les croyants, et la première épître de Jean appelle l’Esprit : « l’onction que vous avez reçue » (2:20), onction grâce à laquelle même les « petits enfants » peuvent connaître la vérité (2:21, 27).
De plus, le Saint Esprit est un sceau. C’est la marque divine que Dieu a apposée sur ses rachetés, le signe qu’ils lui appartiennent et qui les distingue des hommes de ce monde. Nous retrouverons cette vérité, avec plus de détails, dans l’épître aux Éphésiens.
Finalement, le Saint Esprit est les arrhes, c’est- à-dire comme le merveilleux acompte, de l’héritage qui nous est réservé et que nous recevrons lorsque nous serons introduits dans la gloire. Alors le salut sera complet, incluant la transformation de nos corps mortels en des corps semblables à celui de Christ. Mais déjà maintenant l’Esprit nous rend capables de comprendre les richesses qui sont à nous comme résultat de l’œuvre de Christ, et d’en jouir.
On retrouve « les arrhes de l’Esprit » un peu plus loin dans l’épître (5:5).
La présence et l’action de l’Esprit dans les croyants sont des caractéristiques si distinctives de la dispensation actuelle qu’elle est appelée « le ministère de l’Esprit », en contraste avec la dispensation de la loi qui l’a précédée et qui est appelée « le ministère de la mort » (3:7, 8). L’homme étant ce qu’il est, l’ancienne dispensation ne pouvait être que « le ministère de la condamnation », alors que la nouvelle est « le ministère de la justice » (v. 9). Le même contraste est exprimé par l’expression très condensée : « la lettre tue, mais l’Esprit vivifie » (v. 6).
Toujours en contraste avec la dispensation de la loi, caractérisée par « un voile » sur le visage ou sur les cœurs (3:13-15) — c’est-à-dire par une connaissance très limitée de la gloire divine — le ministère de l’Esprit est caractérisé par la liberté. « Là où est l’Esprit du Seigneur, il y a la liberté » (3:17). Et nous pouvons « contempler à face découverte la gloire du Seigneur ». Le Saint Esprit prend les choses de Christ et nous les communique, pour nous remplir de lui. Et quel est le résultat ? « Nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (v. 18). Nous en avons vu un exemple dans la personne d’Étienne.
Si nos yeux étaient plus régulièrement fixés sur Christ dans la gloire, nos cœurs seraient davantage attachés à notre vraie patrie, davantage détachés du monde. Et, par l’opération du Seigneur et de son Esprit, il nous serait donné de refléter plus de sa gloire.
Il y avait à Corinthe de mauvais ouvriers qui cherchaient à ébranler la confiance des croyants en Paul, qui était leur père spirituel, et par là même, à les détourner de la vérité. Cela conduit l’apôtre à leur présenter les caractères moraux que doit revêtir celui que le Seigneur emploie à son service. Ayant reçu du Seigneur la grâce particulière d’être fidèle, Paul pouvait attirer leur attention sur ce qu’il réalisait lui- même, en contraste avec ses détracteurs. Il le fait à regret, leur disant même à la fin de l’épître : « Je suis devenu insensé ; vous m’y avez contraint » (12:11).
L’épître contient plusieurs descriptions impressionnantes des circonstances éprouvantes que Paul connaissait dans l’accomplissement de son service. Et il nous montre de quelle manière il vivait ces circonstances. Dans l’une de ces descriptions, il dit : « En toutes choses nous recommandant comme serviteurs de Dieu, par une grande patience... (suit une liste des épreuves et des difficultés qui exerçaient sa patience), par la pureté, par la connaissance, par la longanimité, par la bonté, par l’Esprit Saint, par un amour sans hypocrisie, par la parole de la vérité, par la puissance de Dieu, par les armes de justice de la main droite et de la main gauche » (6:4-7). Une fois de plus, nous voyons que l’action du Saint Esprit dans un chrétien va de pair avec l’ensemble des vertus chrétiennes. L’Esprit est la seule puissance qui lui permette d’avoir une marche selon Dieu et un témoignage à sa gloire.
Et les difficultés du chemin sont souvent ce qui met à néant la confiance en soi, oblige à s’appuyer entièrement sur le Seigneur et permet à la puissance de l’Esprit de s’exercer (cf. 1:8, 9 ; 4:7-11 ; 12:7-10).
L’épître se termine par le souhait : « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, et l’amour de Dieu, et la communion du Saint Esprit, soient avec vous tous ! » (13:13). Ce souhait, qui place devant nous les trois personnes de la déité, est en rapport avec les sujets dont l’apôtre a dû entretenir les Corinthiens en raison de leur état — divisions, esprit de parti, querelles, etc.
Il nous rappelle que l’Esprit qui est dans les croyants et dans l’assemblée établit un lien divin qui doit se montrer par une communion pratique. Que Dieu nous accorde une vie d’assemblée harmonieuse, à l’image d’un corps humain en bonne santé !
Dans le chapitre même qui nous rapporte la descente du Saint Esprit sur la terre (Actes 2), nous voyons les croyants persévérer « dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et les prières » (v. 42). « Et tous les croyants étaient en un même lieu, et ils avaient toutes choses communes » (v. 44). Et un peu plus loin : « Et la multitude de ceux qui avaient cru était un cœur et une âme » (4:32).
L’apôtre Paul a écrit cette lettre alors qu’il était en « grande perplexité » au sujet des croyants de Galatie. Ceux-ci avaient reçu l’évangile par son moyen, mais subissaient l’influence de docteurs judaïsants qui les troublaient et les bouleversaient (cf. 5:10, 12). Ces docteurs voulaient placer les chrétiens sous la loi, en particulier en leur imposant la circoncision. Cette tendance pernicieuse s’est souvent manifestée parmi les croyants juifs, au début du christianisme. On disait aux croyants des nations : « Si vous n’avez pas été circoncis selon l’usage de Moïse, vous ne pouvez être sauvés » (Act. 15:1). Ce qui était en cause, ce n’était pas simplement un rite extérieur, mais toute la vérité chrétienne. La circoncision étant le symbole de la loi, exiger des croyants qu’ils s’y soumettent revenait à les placer sous la loi entière, et par conséquent à les séparer « de tout le bénéfice qu’il y a dans le Christ (5:3, 4). C’était les priver de la bénédiction promise à Abraham pour toutes les nations (3:8, 9), et les mettre sous la malédiction (3:10). Malheureusement, les Galates n’avaient pas rejeté énergiquement ces mauvais enseignements.
Le revirement de ces croyants, qui avaient très bien commencé leur course chrétienne, conduit l’apôtre à leur dire : « Êtes-vous si insensés ? Ayant commencé par l’Esprit, achèveriez-vous maintenant par la chair ? » (3:3). L’Esprit, la chair — deux notions opposées sur lesquelles l’apôtre reviendra plusieurs fois dans l’épître.
La loi — sous laquelle Dieu avait placé son peuple Israël depuis l’époque de Moïse jusqu’à la venue de Christ (3:19) — exigeait des œuvres. Elle s’adressait à l’homme dans la chair, le mettant à l’épreuve pour voir s’il pourrait acquérir la justice par son obéissance aux commandements de Dieu. Le résultat a été désastreux, mais éloquent. La loi ne peut être ni le moyen de justification du pécheur ni la règle de vie du croyant.
Alors, Christ est venu. « Il nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous » (3:13). Comment devenons-nous participants de cette délivrance ? Par la foi. Nous sommes sauvés « sur le principe de la foi » — expression répétée de nombreuses fois dans l’épître, notamment dans le chapitre 3.
Or la bénédiction caractéristique de la dispensation actuelle, en contraste avec celle de la loi, c’est le don du Saint Esprit. C’est ce qui ressort des questions que l’apôtre pose aux Galates. Il leur demande : « Avez-vous reçu l’Esprit sur le principe des œuvres de loi, ou de l’ouïe de la foi ? » (v. 2). « Celui donc qui vous fournit l’Esprit et qui opère des miracles au milieu de vous, le fait-il sur le principe des œuvres de loi, ou de l’ouïe de la foi ? » (v. 5). Le mot « ouïe » est utilisé ici parce que la foi vient de ce que l’on entend par la parole de Dieu (Rom. 10:17). C’est la réception du témoignage que Dieu a rendu.
La bénédiction promise à Abraham en faveur de toutes les nations se résume ici par : « afin que nous recevions par la foi l’Esprit promis » (3:14).
Il y a beaucoup de similitude entre les thèmes de l’épître aux Galates et ceux de l’épître aux Romains.
La grande différence, c’est que l’une est l’appel pressant que l’apôtre anxieux adresse à des croyants en danger de s’égarer, tandis que l’autre est l’exposé calme et méthodique que l’apôtre fait à des croyants en bon état, afin de les instruire et de les fortifier dans la foi.
Au chapitre 4 de notre épître, nous trouvons : « Et, parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, criant : Abba, Père » (v. 6). Ceci correspond à ce que nous avons trouvé en Romains 8:15. C’est par l’Esprit qui habite en nous que nous avons conscience de notre relation filiale avec Dieu, et que nous nous adressons à lui dans une entière liberté.
C’est aussi l’Esprit qui fortifie notre espérance chrétienne, qui nous fait jouir dès maintenant de ce que nous posséderons bientôt pleinement. « Car nous, par l’Esprit, sur le principe de la foi, nous attendons l’espérance de la justice » (5:5). Nous avons été justifiés sur le principe de la foi (3:24 ; cf. Rom. 5:1). Notre justice n’est pas une chose future, nous la possédons maintenant. Mais nous attendons ce que Dieu a promis à ceux qui la possèdent, la gloire qui appartient à ceux qui possèdent la justice. Et l’Esprit, fortifiant notre foi, nous soutient dans cette espérance.
Nous retrouvons ici cette expression de Romains 8:14. Dans notre épître, elle est en rapport avec le besoin particulier de ceux auxquels l’apôtre écrit, et qui étaient en danger de se placer sous la loi. « Mais si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes pas sous la loi » (5:18). Les chrétiens sont conduits, non par des règles — « ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas » (Col. 2:21) — mais par l’Esprit qui leur fait discerner ce qui est agréable à Dieu et leur donne l’énergie de l’accomplir.
« Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit » (5:25). Notre vie tire son origine de l’œuvre de l’Esprit en nous. Nous sommes « nés de l’Esprit » (Jean 3:5, 6, 8). Par cette action de l’Esprit en nous, conjointement à celle de la parole de Dieu, nous sommes rendus participants de la nature divine. De plus, nous sommes unis à Christ, vivant de sa vie. Son Esprit est en nous. Quelles raisons nous avons là de marcher par l’Esprit ! Il faut que les caractères de notre vie pratique soient en accord avec la vie de Dieu qui est en nous.
Mais nous avons un ennemi intérieur : la chair. L’épître aux Romains nous montre avec beaucoup de clarté quelle est la place que Dieu lui a donnée. Ici l’apôtre résume le même enseignement en un seul verset : « Or ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » (v. 24). Ils ont accepté, ratifié pour eux-mêmes, le jugement que Dieu a prononcé sur elle (cf. Rom. 6:6).
Néanmoins, la chair est toujours présente dans le croyant, et toujours prompte à se manifester. « Car la chair convoite contre l’Esprit, et l’Esprit contre la chair ; et ces choses sont opposées l’une à l’autre, afin que vous ne pratiquiez pas les choses que vous voudriez » (v. 17). L’Esprit qui demeure en nous, si nous le laissons agir, si nous ne l’entravons pas, nous conduit à ne pas pratiquer les choses que la chair voudrait. Et ainsi ce ne sont pas les détestables « œuvres de la chair » qui caractérisent notre vie pratique (v. 19-21), mais ce qui porte l’empreinte divine : « Le fruit de l’Esprit est l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance » (v. 22). Ce que produit l’Esprit en nous n’a rien de spectaculaire. Ce sont les vertus chrétiennes, les caractères que Christ, l’homme parfait, a manifestés dans sa vie sur la terre.
Après cette description, l’apôtre ajoute : « contre de telles choses il n’y a pas de loi ». La loi n’a rien à objecter, elle est satisfaite. Mais ce n’est pas elle qui a amené ce résultat, c’est l’Esprit. Nous rejoignons ici l’enseignement de Romains 8:4 : « ...afin que la juste exigence de la loi fût accomplie en nous, qui ne marchons pas selon la chair, mais selon l’Esprit ».
Cependant, des semailles impliquent des moissons, et cela non seulement dans le cours de la nature, mais dans nos vies, selon le gouvernement de Dieu. « Car celui qui sème pour sa propre chair moissonnera de la chair la corruption ; mais celui qui sème pour l’Esprit moissonnera de l’Esprit la vie éternelle » (6:8). Une marche selon la chair aura de fâcheuses conséquences, et une marche selon l’Esprit amènera des bénédictions — dont le couronnement sera l’entrée dans la gloire. Ce qui est dit ici ne contredit en rien ce que d’autres passages nous enseignent, à savoir que celui qui croit en Jésus a maintenant la vie éternelle. Mais ce verset présente la vie éternelle comme l’aboutissement de notre vie de croyants. Cela attire notre attention sur le fait qu’une vie chrétienne normale est une vie dans laquelle nous sommes conduits par l’Esprit et, par conséquent, pratiquons le bien (cf. Jean 5:29).
Dans cette épître, l’apôtre s’adresse principalement à des croyants d’entre les nations, qu’il appelle plusieurs fois « vous » en contraste avec les Juifs qu’il désigne par « nous » (cf. 2:1-3, 11-13). Les premiers étaient « autrefois loin », « étrangers aux alliances de la promesse », « sans Dieu ». Mais ils avaient été « approchés par le sang du Christ » et introduits dans la plénitude des bénédictions du christianisme.
Les croyants juifs avaient « espéré à l’avance dans le Christ », grâce aux promesses de l’Ancien Testament (1:12). Lors de la prédication de l’évangile, des gens des nations avaient cru en Jésus et avaient mis en lui leur espérance. L’apôtre leur dit ici : « en qui vous aussi vous avez espéré, ayant entendu la parole de la vérité, l’évangile de votre salut ; auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage » (1:13, 14). Le début du livre des Actes nous a montré comment les croyants — qui étaient pratiquement tous des Juifs — avaient reçu le Saint Esprit au commencement. Nous voyons ici que ceux qui croient ultérieurement sont rendus participants de cette bénédiction. « Ayant cru, vous avez été scellés ». Dieu met son sceau, sa marque de propriété, sur ceux qui croient en Jésus. Ceci est vrai pour toute la période de l’Église.
De même que dans la 2e épître aux Corinthiens, l’Esprit est ici aussi considéré comme les arrhes de la pleine bénédiction à venir, « les arrhes de notre héritage ».
Le Seigneur Jésus est venu ; il a proclamé « la bonne nouvelle de la paix » aussi bien à ceux qui étaient loin qu’à ceux qui étaient près — aussi bien aux nations qu’aux Juifs — et maintenant, « par lui nous avons, les uns et les autres, accès auprès du Père par un seul Esprit » (2:18). Tout ceci est en contraste avec l’ancien état de choses. Les nations ne connaissaient pas le vrai Dieu. Les Juifs, bien qu’ayant au milieu d’eux un tabernacle ou un temple qui était la demeure de Dieu, n’avaient pas libre accès jusqu’à lui et ne le connaissaient pas comme Père. Maintenant, l’accès est entièrement ouvert jusqu’à Dieu révélé comme Père. Christ a accompli l’œuvre nécessaire pour cela. Et l’Esprit qui demeure en nous, par lequel nous avons conscience de notre relation avec notre Père et de son amour pour nous, nous donne la capacité et la liberté de nous approcher de Dieu.
Il y avait autrefois en Israël une maison de Dieu, mais les nations n’étaient que des « étrangers » qui devaient s’en tenir éloignés, et les Juifs eux-mêmes, s’ils n’étaient pas sacrificateurs ou lévites, n’y avaient pas accès. Mais maintenant, dit l’apôtre aux Éphésiens, « vous êtes concitoyens des saints et gens de la maison de Dieu » (2:19). Il ne s’agit plus d’une maison matérielle, mais d’une maison spirituelle. Les croyants eux-mêmes en sont les pierres — les « pierres vivantes » (1 Pierre 2:5). Et ainsi, « vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit » (2:22).
En 1 Corinthiens 3, ainsi que nous l’avons vu, les croyants collectivement constituent « le temple de Dieu » et « l’Esprit de Dieu habite » en eux. Dans ce passage-là, les hommes apportent leur contribution à l’édifice, et il se peut qu’ils apportent de mauvais matériaux que le feu consumera. Par contre, en Éphésiens 2, il n’est pas question de la faiblesse ou des manquements des ouvriers. C’est l’œuvre divine. Il s’agit d’un « temple saint » et il est « bien ajusté ensemble ». Au verset 21, il est considéré comme en croissance, et au verset 22 comme une maison dans laquelle Dieu habite par son Esprit.
Il est nécessaire de bien distinguer deux aspects des choses. D’une part il y a ce qui est l’œuvre de Dieu, et qui subsiste en dépit de la faillite de l’homme. L’assemblée est la maison dans laquelle Dieu habite. C’est à cela que notre foi s’attache, et c’est ce qui doit gouverner notre comportement. D’autre part il y a ce qui dépend de notre responsabilité. À cet égard, gardons-nous d’une prétention quelconque. Nous avons vu en 1 Corinthiens 14 que c’est à certaines conditions seulement que ceux qui entrent dans l’assemblée réunie peuvent donner gloire à Dieu en constatant qu’il est véritablement là.
Le premier chapitre de l’épître, depuis le verset 16, contient une prière de l’apôtre en faveur des croyants. Le chapitre 3 en contient une seconde, à partir du verset 14. Il demande à Dieu de leur donner « d’être fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur ; de sorte que le Christ habite, par la foi, dans leurs cœurs » (v. 16, 17).
Nous avons ici une description de l’opération puissante de l’Esprit dans le cœur du croyant. Non seulement l’Esprit habite en lui et peut se manifester dans ses actes ou dans ses paroles, mais il forme le cœur de celui dans lequel il habite. Et le fait que l’apôtre prie pour qu’il en soit ainsi nous montre qu’il ne s’agit pas d’une chose automatiquement réalisée pour chaque croyant. Cette formation dépend aussi de nous, de notre état spirituel et moral, et de la manière dont nous laissons l’Esprit faire son œuvre en nous. Elle se fera dans la mesure où nous serons habituellement remplis de l’Esprit.
Il en est de même de ce qui est ajouté immédiatement ensuite : « de sorte que le Christ habite, par la foi, dans vos cœurs ». L’habitation du Saint Esprit dans un croyant est une chose vraie depuis le jour où, ayant cru, il a été scellé. Mais ce croyant peut être — ou ne pas être — dans un état pratique caractérisé par la libre action de l’Esprit en lui. Si c’est le cas, il est « rempli de l’Esprit ». Et c’est alors seulement qu’on peut véritablement dire que Christ habite dans son cœur. Cette habitation-là est un état pratique. Christ remplit le cœur, il est le centre des pensées et des affections, et une transformation de l’être moral du croyant à l’image de Christ s’opère, par la puissance du Saint Esprit (cf. 2 Cor. 3:18). Lorsqu’il en est ainsi, Dieu peut voir dans ses enfants quelques caractères de son Fils bien-aimé.
Au début du chapitre 4, l’apôtre adresse des exhortations aux croyants en ce qui concerne leur vie collective. Il leur dit notamment : « Vous appliquant à garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (v. 3). Il ne s’agit pas de garder l’unité du corps ; celle-ci existe en raison du travail de Dieu lui-même, et elle est à l’abri de tout dommage. Ce à quoi nous sommes exhortés ici, c’est à garder une unité pratique, une unité de pensée résultant du fait d’avoir tous la pensée de Christ. L’Esprit, qui forme nos pensées, peut seul réaliser cela. Cette unité est gardée « par le lien de la paix ».
Combien facilement nos pensées personnelles, notre manque d’amour et de support pour nos frères et sœurs, notre dureté, notre orgueil caché ou apparent, la recherche de nos intérêts personnels ou de notre propre gloire, amènent des divergences et des dissensions entre nous ! C’est pourquoi l’apôtre nous exhorte instamment à marcher « avec toute humilité et douceur, avec longanimité, nous supportant l’un l’autre dans l’amour » (v. 2). Ne passons pas légèrement sur cela.
L’apôtre revient ici à un enseignement qui nous concerne individuellement. « Et n’attristez pas le Saint Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption » (4:30). Il nous rappelle que le Saint Esprit en nous est le sceau de Dieu, sa marque, en vue du jour de la rédemption. Notre rédemption a été acquise par le sang de Christ (1:7). Le jour de la rédemption, c’est le jour de notre délivrance finale, à la venue du Seigneur, lorsque nos corps seront transformés à la ressemblance du sien (cf. Rom. 8:23).
Nous apprenons ici une vérité solennelle : c’est que nos manquements attristent le Saint Esprit qui est en nous. Nous en serons nous-mêmes attristés, à moins que nous ne soyons dans un grave état d’égarement, ayant perdu toute communion avec le Seigneur. Si nous avons manqué, la tristesse est bien de saison. Et « la tristesse qui est selon Dieu opère une repentance à salut dont on n’a pas de regret » (2 Cor. 7:10).
Est-il besoin de souligner le fait que nos manquements, si humiliants soient-ils, n’amènent pas le Saint Esprit à se retirer de nous ? Le passage que nous avons sous les yeux, tout en nous disant que le Saint Esprit est attristé par nos fautes, nous rappelle qu’il est la marque indélébile que Dieu a apposée sur nous en vue de notre délivrance finale, en vue de ce jour glorieux où il n’y aura plus de manquements.
Les exhortations pratiques générales des chapitres 4 et 5 se concluent par celle-ci : « Ne vous enivrez pas de vin, en quoi il y a de la dissolution ; mais soyez remplis de l’Esprit » (5:18). Le contraste est frappant. Si le vin peut gouverner le comportement d’un homme et le mettre hors de lui-même, à sa honte, le croyant doit cultiver une autre source de pensées et d’actions, d’origine divine, et qui porte l’empreinte de la sagesse et du sobre bon sens. Il vaut la peine de remarquer la liaison entre ce verset et ceux qui précèdent. L’action du Saint Esprit va de pair avec l’intelligence spirituelle qui amène le croyant à comprendre quelle est la volonté du Seigneur.
Le chapitre 6 nous engage à nous revêtir de l’armure complète de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les artifices du diable. Après nous avoir indiqué quelles sont les pièces de cette armure qui servent à nous protéger — cuirasse, bouclier, casque — l’apôtre nous dit : « Prenez... l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu » (v. 17). L’Esprit qui demeure en nous ne nous conduit jamais à utiliser des armes charnelles, telles la violence, la ruse, l’habileté ou le raisonnement. Non, « les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, mais puissantes par Dieu pour la destruction des forteresses, détruisant les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu » (2 Cor. 10:4, 5). Évitons soigneusement d’utiliser les mêmes armes que les ennemis de Christ, et utilisons cette épée de l’Esprit avec foi et simplicité. La parole de Dieu a sa propre puissance en elle-même. Citée avec discernement et à propos, elle produira ses résultats dans les cœurs.
L’apôtre ajoute : « priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit, et veillant à cela avec toute persévérance » (6:18). Aucun passage de l’Écriture ne nous engage à adresser une prière au Saint Esprit. Par contre, l’Esprit nous aide à discerner nos besoins, ou les besoins de ceux qui nous entourent, et à les exprimer dans nos prières à Dieu ou au Seigneur Jésus. S’il s’agit de la prière en assemblée, il est nécessaire qu’elle soit « avec l’esprit » et « avec l’intelligence » (1 Cor. 14:15), afin que ceux qui écoutent puissent comprendre ce qui est dit et ajouter leur « Amen ». S’il s’agit de la prière dans le particulier, la grâce de Dieu vient au-devant de notre plus extrême faiblesse ; l’Esprit nous est en aide, même quand nous ne savons pas demander comme il convient (Rom. 8:26, 27).
Jude parle aussi de la prière par le Saint Esprit (v. 20), et l’épître aux Philippiens, de rendre culte par l’Esprit (3:3).